Je suis partie de chez Glenda & Lester les bras chargés de prunes et de confitures (et pas n'importe lesquelles, les Luisa mes préférées), petit cadeau de la famille pour mon départ !

L'usine de pomme Thawley m'attendait à 9h pour une présentation de l'entreprise, la signature des contrats et la remise des uniformes. J'arrive à la packhouse et je découvre les lieux (photo 1 / album Usine de pommes à Mahana).
Je suis arrivée la dernière et la présentation a commencé sans moi. J'ai essayé de prendre le fil de la conversation et je saisis l'essentiel : il faut emballer des pommes, parfois des poires mais pas de scoubidoubidou (et pour ceux qui m'aurait pas suivi, j'ai fait référence au film Les Visiteurs reprenant la chanson de Sacha Distel - bref, vive ma culture).
Les journées se dérouleront tous les jours de la même manière : 8h - 10h / smoko (contraction de smoke and coffee, pause clope et café) / 10h15 - 12h / pause déj / 12h30 - 14h30 / smoko / 14h45 - 16h30 (soit un total de 8 heures par jour).
Je travaillerai du lundi au vendredi sur une base de $14.75 brut pour un salaire de plus de $500 par semaine. Les samedis seront réservés uniquement pour les volontaires (dont je ferai certainement partie, pour gagner toujours plus de pépettes).

Mais, au fur et à mesure des discours tenus par mes responsables, il y a certains points qui me contrarient..
Déjà que je dois renoncer à avoir des mains de filles (pas d'ongles longs) et faire une croix sur ma manucure hebdomadaire (pas de vernis), j'ai également interdiction de porter des bijoux : adieu les piercings ! 
De plus, moi qui comptais squatter le camping mis à disposition par l'entreprise et tout près de mon usine, j'apprends qu'il n'y a plus une seule place ! C'est dommage car ça aurait pu être bien pratique car la packhouse se situe à Mahana, c'est à dire quelque part entre Nelson et Motueka (et ça m'aurait évité de faire de la route chaque jour pour économiser quelques dollars de plus).
Et pour finir, le boulot ne commence que mercredi. Ca me chagrine dans le sens où je suis impatiente de gagner des sousous et donc, je veux commencer à bosser le plus rapidement possible (et je crois que c'est bien la première fois que je suis autant contente de travailler pour un boulot aussi nul). Mais je relativise, je n'ai qu'une seule journée à attendre et ça aurait pu être pire.

Je profite donc de cette journée de liberté pour trouver une solution à mes piercings dans un premier temps, puis trouver un compromis où passer mes prochaines nuits.

Pour les piercings, l'affaire est vite réglée : je suis allée chez la pierceuse de Nelson en lui expliquant la situation et elle a remplacé mes anciens bijoux par des piercings en plastique tout transparent. C'est comme si je n'avais plus rien et je me sens nue des oreilles. 

Pour le reste, c'est une autre histoire car j'ai pas mal cogité pour savoir ce que je voulais vraiment..
D'un coté, la solution la plus économique est de s'installer dans un camping à Mapua, probablement à une dizaine de minutes du boulot. La nuit est à seulement $6 par personne, donc je pourrais m'en tirer pour $50 par semaine. Mais, les douches sont à l'eau froide (gros gros point négatif) et je m'aurai pas de quoi recharger mon ordi et mon téléphone. Alors je fais quoi moi le soir en sortant du boulot ? Parce que bon, je risque de ne pas trop traîner sous l'eau froide de la douche, c'est moi qui vous le dis !!
La solution intermédiaire, c'est de dormir quelques fois dans le camping grand luxe de Mapua à $22 la nuit qui offre bien entendu les douches à l'eau chaude et même une cuisine avec prises électriques à disposition. Si j'alterne camping low cost avec camping grand luxe, je m'en sors pour $120 la semaine.
Mais ça, c'est sans compter la laverie. Car je dois laver mon uniforme tous les deux jours (bon, j'ai deux uniformes mais ça veut quand même dire que je dois aller à la laverie tous les 4 matins). A ce rythme là, je fais une croix sur ma vie de gypsy (gitane) et j'envisage le luxe ultime que peut offrir la colocation (eau chaude à volonté, électricité, wi-fi, machine à laver, cuisine équipée, etc.) 

Après avoir feuilleter les quelques annonces de colocation sur le site TradeMe (l'équivalent néo zélandais du BonCoin français), je m'aperçois que le loyer hebdomadaire ne dépasserai pas les $150, c'est déjà une bonne nouvelle. Et surtout, je reçois deux réponses positives : la première se situe à Nelson, ville dynamique et très agréable à vivre et la deuxième à Motueka, où je viens de passer un mois en WWOOFing.
Après les visites des deux colocations et la rencontre des propriétaires, mon cœur et ma raison n'arrivent pas à s'entendre : ce sont deux ambiances très différentes, sûrement influencées par les villes dans lesquelles les colocations sont situés.

Nelson est considéré comme l'une des villes du pays où il fait le mieux vivre grâce à une combinaison gagnante : climat au top et paysages superbes (un peu comme de partout en Nouvelle Zélande d'ailleurs) avec des bars branchés aux quatre coins des rues et une population assez jeune ! La colocation est une grande maison dans un quartier calme, avec une magnifique terrasse recouverte d'une tonnelle de vigne et de kiwi. Je tombe littéralement sous le charme. Il y a plusieurs colocataires et ce petit melting pot me plaît bien. J'aurai pu dire banco dès la visite mais j'attends tout de même la deuxième visite, histoire d'être réellement fixée.

Motueka est une ville un peu plus familiale et mon unique colocataire serait une femme de 55 ans. La maison est très mignonne, très lumineuse, respire le propre et est très très calme (elle est située à côté de la mer et du golf). Mais je ne suis pas autant emballée que la première visite.

Malgré que Nelson soit un chouïa un peu plus éloigné de l'usine (par rapport à Motueka), je décide de sacrifier quelques kilomètres de plus (et quelques minutes de moins pour dormir le matin) pour vivre à Nelson.
Mais manque de bol, la colocation me passe sous le nez car la chambre est déjà prise. Heureusement que j'avais assuré mes arrières en ne donnant pas de réponse définitive (et négative) à la propriétaire de 55 ans de Motueka.

Je ne suis pas déçue pour autant car je me dis que c'est le destin et que c'est peut être mieux ainsi.