Après un réveil au port de Nelson où j'ai passé la nuit, je me prépare pour cette première journée de boulot. On m'attend à 8h pour démarrer mais je dois arriver en avance, histoire d'avoir le temps de me laver les mains rigoureusement et surtout de m'équiper de mon uniforme sexy à souhait (photo 2 / album Usine de pommes à Mahana).

Dès la première journée, je vous explique comment se faire repérer en 3 temps :
Premièrement, j'arrive à l'usine un peu avant 8h mais je me rends rapidement compte que je suis plus qu'en avance. En réalité, il nous était demandé de venir pour 8h30 mais je n'ai pas dû bien tout comprendre lors du discours de bienvenue.
Deuxièmement, une fois que toute l'équipe est enfin au complet, ma superviseur nous rappelle quelques règles essentielles, notamment celle de ne pas porter de bijou. Exception faite pour moi qui ne peut retirer mes joncs, je les cacherai donc avec du scotch dans un premier temps. Tous les regards se tournent alors vers moi et mes poignées.
Et enfin, plus tard dans la journée, la standardiste de la boîte me rejoint à mon poste de travail pour m'annoncer que la propriétaire de la colocation de Motueka (avec qui j'avais rendez vous le soir même pour une visite des lieux) chercher à me joindre à tout prix. Sans réponse de ma part à ses appels, elle a remué ciel et terre pour confirmer notre rendez vous et avait carrément décidé d'appeler mon entreprise. 

Maintenant que je me suis faite repéré par l'ensemble de mon équipe, j'essaye à mon tour d'associer un visage à un nom. Et ce n'est pas si évident que ça. Déjà parce que nous devons être une trentaine à travailler dans l'usine (ça fait beaucoup à enregistrer d'un seul coup pour mon petit cerveau), et surtout parce qu'il y a certains noms tirés par les cheveux. 
L'équipe est composée d'une grande partie de femmes kiwis d'un certain âge, qui viennent travailler dans l'usine à toutes les saisons.
L'autre partie de l'équipe est constituée de jeunes étrangers comme moi. Les pays comme le Canada, le Chili, la Chine, l'Argentine, la République Tchèque, les Etats Unis, l'Irlande, l'Allemagne, la Malaisie, la Corée du Sud, l'Australie et la France bien entendu (bien que je sois la seule petite française à bord) sont représentés au sein de la packhouse.

Dans la fourmilière Thawley, chacun à sa place et les différentes tâches mêlent anciens et novices, locaux et étrangers.

Au tout début, il y a les pickeurs, ceux qui passent des heures sous le soleil pour ramasser les pommes et les poires. Une fois les fruits récoltés, ils prennent un bain, histoire de les débarrasser de toute poussière et de les stériliser.

Le travail à la chaîne commencent avec le grading, c'est à dire le classement du fruit en fonction de son calibre.
Les fruits sont étiquetés automatiquement avant d'arriver sur les plateaux des packeurs (place qui demande le plus d'employés et que j'occupe), qui doivent s'assurer que les fruits n'ont pas de défaut (tâche brune, brûlure de soleil, petit trou disgracieux) et de les disposer d'une manière esthétique. Les plus beaux fruits auront la chance de partir pour un tour du monde tandis que les moins beaux resteront ici pour le local market. Quant aux vraiment moches, ils seront broyés pour en faire du jus ou de la compote. Je n'ai pas de rendement imposé, c'est la machine qui m'impose le rythme. Suivant le calibre du fruit, j'arrive plus ou moins à gérer la chose mais parfois, j'ai l'impression d'être un petit poisson qui remonte la rivière à contre courant.
Une fois les plateaux prêts, les garçons de l'équipe packing les disposent dans les cartons. Parfois, quand j'en a marre de trier et ranger les fruits, j'occupe cette place qui me permet de me dégourdir les jambes. 
Et pour finir, l'équipe de stacking se charge d'empiler les cartons sur des palettes. Ca doit être bien usant, je ne les envie pas !

En voyant toutes les filles s'étirer à la fin de la journée à cause d'un mal de dos à rester pendant 8 heures dans la même position, je me dis que ça ressemble plutôt à un cours de gym.